The Many Ramblings of a Movie Geek: I’m BATMAN Ft. Simon Delart (FRENCH)



Il y a très, très, très, très, très longtemps, dans un pays fort lointain (Birmingham pour être tout à fait exact), j’ai grandi à l’époque pré-apocalyptique. Par cela, comprenez que j’ai grandi avant la révolution Internet. À cette époque, enfant innocent que j’étais, un oncle m’a fait découvrir les bandes dessinées de Spiderman (Amazing Spiderman, édition Marvel 1972 pour la Grande-Bretagne). Auparavant, je n’avais guère eu que les BD de Beano, Whizzer et Chips à me mettre sous la dent. Oui, ça ne date pas d’hier et ça en dit long sur mon âge, merci de me le rappeler. Les histoires de ces bandes dessinées avaient souvent une raideur toute britannique et les blagues tournaient souvent autour d’histoires de belle-mère.

Les yeux passablement exorbités, je dévorais le numéro de Spiderman que m’avait offert mon oncle avec un émerveillement sans bornes. Mon innocence d’enfants s’évaporait à la lecture des aventures du Bouffon Vert. Le scénario au rasoir, les dessins explosifs, des souvenirs qui se gravent instantanément dans la mémoire… Ma vie venait de basculer !

Plus tard, je me forgeais d’autres souvenirs au cinéma. Je me souviens du film Spiderman, en 1978, des samedis après-midi passés en compagnie de Lou Ferigno, le client préféré des fabricants de chemises – plus connu à la scène sous le nom d’Incroyable Hulk. Pourtant, ces souvenirs d’enfance ne doivent pas tout aux Éditions Marvel : j’ai été aussi accro à Doctor Who, joué par Tom Baker, avec ses décors aussi fantastiques qu’improbables. Il y a aussi eu Halloween ou encore The Thing, de John Carpenter, ainsi que les hallucinantes transformations de Rick Bakers dans le Loup-garou de Londres. Toutes ces influences issues de la télé, des films et des bandes dessinées se sont conjuguées pour graver à jamais leur beauté et leur cortège d’images dans mon esprit.

Ces influences m’ont même poussé vers les études d’art, vers le design et l’écriture : c’est donc tout naturellement que j’ai effectué ma carrière dans… l’armée britannique. En fait, à ma sortie de l’école, je voulais entamer un apprentissage dans le design, mais la terrible récession du début des années 80 a vite calmé mes ardeurs. Je me suis donc engagé. Vingt années et des brouettes plus tard, si je ne songe plus en faire mon métier, le feu sacré est toujours là. Grâce aux nouvelles technologies, c’est désormais sur écran que les merveilleux dessins de mes années 70 prennent naissance. Doctor Who est entretemps devenu Broadchurch, la relève de Tom Baker est assurée et les BD sont devenues un bien de consommation courante.

L’année dernière, j’ai eu une illumination. Je me suis d’abord intéressé aux réseaux sociaux (je me répète, mais je ne suis pas exactement né hier). Je me suis inscrit à tous les fils Twitter portant sur les films et les BD. En suivant les posts gravitant autour de Marvel, j’ai découvert l’univers des affiches de film et, de fil en aiguille, les sites portant sur les illustrations grand public et leur culture. J’ai alors commencé à suivre l’opération Kickstarter (sur Poster Spy, comme de juste) : le monde merveilleux des illustrations au format affiche s’est ouvert à moi. Et ce monde parlait justement de mes films et de mes histoires préférés. On y évoquait mes grands classiques, tous mes plus beaux souvenirs, tout ce qui avait marqué mon imaginaire de son empreinte. C’était un peu l’équivalent d’une levée de rideau au cinéma : le film tant attendu allait commencer. Ces illustrations évoquaient aussi nombre de films que je n’avais pas encore vus mais qui semblaient inratables : j’absorbais le tout en bavant rien qu’à l’idée de tout ce que j’allais découvrir.

Parmi toutes ces superbes réalisations, il y en avait notamment une qui illustrait mon futur film préféré – une certitude bien que je ne l’aie pas encore vu. J’ai adoré la BD, je suis un grand fan du réalisateur et totalement gaga de Rocket Raccoon, le personnage des Gardiens de la Galaxie. Aussi, quand je suis tombé sur la série de cinq illustrations de Simon Delart pour cette série, avec leur tracé géométrique, j’ai été instantanément téléporté dans l’univers en technicolor des Gardiens. Le paradis perdu était soudain retrouvé.

Par la suite, j’ai suivi la production de plusieurs artistes de talent sur Poster Spy et les œuvres de Simon n’ont jamais cessé de m’épater. J’ai fini par demander au très sympathique Jack Woodhams s’il serait d’accord pour que je publie mes élucubrations sur le site Poster Spy – et je lui ai suggéré que, si possible, je me verrais bien commencer par une petite interview maison de celui qui avec réveillé le geek de cinéma qui sommeille en moi.

C’est comme cela que j’ai pu entrer en contact avec Simon. Et voici le produit de notre entretien !

 

Parlons un peu de ton CV ?

J’ai étudié les arts graphiques et la communication visuelle pendant trois ans dans une école d’art de Nantes, en France. J’ai ensuite emménagé à Paris et trouvé un travail de directeur artistique dans une galerie d’art.

Ce travail était très prenant et il m’a donné envie de créer quelque chose de personnel, pour sortir des projets destinés aux clients.

Et pourquoi avoir choisi cette carrière ?

Aussi loin que remontent des souvenirs, je me vois toujours avec un crayon à la main. Mon père aimait la bande dessinée, et je copiais des personnages, avec toute l’habileté d’un garçon de quatre ans. J’ai ensuite découvert les dessins animés TMNT, puis ceux de Batman, qui sont devenus ma première inspiration. J’étais fasciné par les affiches de film, car certaines d’entre elles étaient réellement des œuvres d’art, qui portaient un message qui allait bien au-delà du film. Et j’adore raconter une histoire au travers d’un simple dessin ou d’une image.

Qu’est-ce qui m’a poussé vers cette carrière ? Des dessinateurs tels que Drew Struzan, Olly Moss, Matt Ferguson ou Patrick Conan. Je suivais leurs travaux et je n’arrêtais pas de me répéter : “j’aime leur style, mais je traiterais ça autrement”. C’est comme ça que j’ai commencé à produire mes premières illustrations.

Ton style, qui ramène les surfaces à des polygones, est frappant, il a un impact visuel indéniable, que ce soit sur des pochettes de disques vinyle, sur les affiches ou même en œuvres en 3D. Comment as-tu développé ce style géométrique ? Est-ce que ce style s’est développé au fil du temps ou est-ce que tu as eu une illumination soudaine ?

Quand j’ai débuté dans le monde de l’illustration, je cherchais mon propre style. J’ai d’abord essayé les affiches minimalistes, mais à l’époque, tout le monde faisait ça. Puis j’ai essayé le “pixel art”, mais ce créneau était aussi très encombré.

J’ai poursuivi mes recherches dans le domaine des formes géométriques. J’ignorais en fait qu’il existait déjà une école des “low poly”, c’est-à-dire des textures à faible nombre de polygones. Travailler avec des triangles était exactement le genre de défi qui me convenait. C’est une voie sur laquelle je continue aujourd’hui et qui me permet de développer mon style.

 

Combien de temps te faut-il pour produire une œuvre ? La commande des pièces de la série John Carpenter, par exemple ?

La série sur John Carpenter a réclamé trois mois de travail pour cinq illustrations. En fait, ça dépend. Parfois, je pense à un concept d’affiche et l’idée surgit tout de suite, je peux réaliser le travail en deux jours. L’illustration pour Black Sails est l’une des plus complexes que j’ai réalisé, en raison de tous les éléments qui la composent. Elle a demandé deux semaines de travail.

 

 

Y a-t-il quelque chose dans la vie qui te donne toujours en vie de sourire ?

Je souris facilement, alors… je ne sais pas. Le sourire d’une autre personne, la tête de Simon Pegg, quelqu’un qui me dit qu’il aime mon travail, un bon pet sonore (ouais, je sais, ne me jugez pas là-dessus).

 

 

Tu revisites les grandes icônes de la culture pop. Si tu étais l’une d’entre elles, qui serais-tu ?

Batman. Parce que “je suis Batman” !

 

 

Si l’on faisait un film sur ton histoire, qui jouerait ton rôle ?

 

Jackie Chan… Quand j’étais gamin, je rêvais d’être dans sa peau, de faire tous ses combats et des toutes ses cascades. Du coup, dans un film biographique, ça serait rudement bien si on pouvait inverser les rôles.

 

 

Un combat à la loyale entre Iron Man et Captain America. Qui va gagner ?

Captain America, je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que c’est un soldat et qu’il a 90 ans d’expérience !

 

 

Quelle est la commande la plus étrange que l’on t’ait jamais proposée ?

Rien de très particulier à ce jour. En fait, je suis très curieux de voir ce que ça sera.

 

 

Comment envisages-tu l’avenir ? Quelles sont tes orientations du moment ? Et est-ce que tu exposes quelque part cette année ?

J’espère bien avoir ma propre exposition cette année, mais il faut d’abord que je trouve un thème. Mais c’est effectivement la grande préoccupation du moment. Aussi, continuer à travailler avec Poster Posse, ma famille d’adoption, en créant de nouvelles affiches. Ça et devenir maître du monde, bien sûr.

Un entretien décidément riche en enseignements ! Nous savons enfin qui est Batman et pouvons affirmer que malgré ses 90 ans, ce bon vieux Captain America collerait certainement une rouste à Iron Man.

Nous remercions Simon Delart d’avoir accepté cette interview. Vous découvrirez ci-dessous quelques-unes de ses productions récentes. Régalez-vous !

It’s all about Ripley

Mulan

Star Wars: Episode VII

Age of Ultron

Whiplash

Interstellar

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